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Démarche artistique/film

D’origine fribourgeoise (j’ai grandi et passé mon enfance à Russy) je vis et travaille à Lausanne depuis 1971. Etudes en travail social, droits humains et politique sociale. Spécialiste de la question associative, j’ai toujours conduit, en parallèle à mon travail, des activités dans le domaine artistique.

Comme pour beaucoup d’entre nous, des questions existentielles m’habitent : la vie, la mort, l’amour et le détachement. Mais, ce qui m’anime en particulier, c’est le projet de révéler la beauté de la nature, tout particulièrement les terres brûlées et le Sud à partir de fragments, de débris à l’origine incertaine, de vestiges d’objets condamnés à l’oubli qui, grâce à mon travail, réussissent à gagner une nouvelle vie, une vie qui surpasse celle pour laquelle ils ont été originalement créés. Ce qui m’habite, aussi, c’est la conviction que « chaque jour compte » et qu’il s’agit de vivre l’instant présent en savourant chaque seconde et chaque respiration. Si je préfère le fer corrodé, tous les matériaux m’intéressent : la pierre, le bois, le papier etc.

La première dimension de mon travail est associée à des rencontres. Il s’agit, au gré de mes promenades et de mes voyages, de collecter des fragments d’objets abandonnés qui, à première vue, présentent peu d’intérêt, voire suscitent du mépris. La nécessité de recueillir ces trouvailles s’impose à moi. Je devine que la beauté se niche très souvent dans ces « riens » délaissés. Mon travail consiste alors à donner un sens à cette beauté et à l’offrir au regard du public.

Je me balade dans la nature, je collectionne divers matériaux : métal rouillé, tôles grignotées par le temps, zinc, plomb, fils métalliques et toutes sortes de papier (journaux, emballages, manuscrits, etc.).

La rouille touche et émeut nos sens. Il suffit de la caresser des yeux pour qu’elle se mette à vibrer et qu’il en émane une discrète sensualité.

La rouille est un feu d’artifice de teintes chaudes, une explosion de sensations. Elle offre un gigantesque spectre de couleurs et de formes, tout en lumières et transparences, comme illuminé par le soleil. C’est une magnifique création de la nature, résultat d’un phénomène d’oxydation et de patine due au temps et à l’environnement. Saisir artistiquement la beauté et la destruction ainsi que le processus d’évolution et de disparition, est un fabuleux voyage vers nos origines.

A l’atelier, c’est le choix du matériau qui m’inspire et qui agit comme un déclencheur d’imagination. La forme, transformée par la fragmentation, peut devenir méconnaissable tout en gardant ses éléments géométriques de base. Je cherche alors le meilleur compromis entre la matière, les moyens techniques et la forme. Mon objectif est d’abolir la frontière entre penser et ressentir, de conjuguer la logique du sens et celle de la sensation. Je crée dans la mouvance de mes préoccupations du moment. Ce qui m’intéresse, c’est de me laisser porter par le mouvement instinctif, le moins réfléchi possible.
Mes dernières créations (2023) bas-reliefs sur plaques aluminium, traitent de la mémoire des murs. Mémoires du temps, du bonheur et du malheur, les murs sont les témoins des instants de vie passés. Ces murs, vivants, faits de souvenirs ou construits avec des débris, veulent rendre aussi hommage à ces femmes et ces hommes, notamment celles et ceux privés de liberté, qui ressentaient le besoin d’écrire sur n’importe quoi avec n’importe quoi afin de ne pas disparaître sans dire ou crier quelque chose.

Toujours en 2023, les créations à quatre mains réalisées avec Michèle Rudaz, exploitent le matériel découvert (2022) dans les entrailles des poubelles en flammes du Musée cantonal des beaux art de Lausanne sous le thème du feu qui ne brûle plus, refoule, couve et ne s'éteint jamais.

Mes créations veulent échapper aux regards qui classent, étiquettent et nomment. Le regard d’autrui peut leur attacher librement un sens possible tout en sachant qu’il ne pourra être ni complet ni tout à fait satisfaisant.

Que dire encore ? Que je rejoins l'univers du Wabi-sabi qui renvoie aux choses imparfaites, impermanentes et incomplètes. Le Wabi-sabi, dans sa forme la plus pure, s'intéresse aux détails discrets et négligés. Il hésite à séparer la beauté de la non-beauté ou de la laideur. L'essence du Wabi-sabi est, en quelque sorte, l'état qui permet d'accepter ce que l'on considère comme laid. Ainsi, la beauté peut surgir spontanément à n'importe quel moment, pourvu que les circonstances, le contexte ou le point de vue soient appropriés. Elle est ainsi un état modifié de conscience, un extraordinaire moment de poésie et de grâce.

Leonard Koren, Wabi-sabi à l'usage des artistes, designers, poètes et philosophes, Le prunier, Sully, 2015
 

Voir le film réalisé par Roland Joseph

 

Marie-Chantal Collaud

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Mont-Tendre 28 (privé)
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